jeudi 7 avril 2011

KAOHA NUI (Bonjour) - MARQUISES DU SUD

Te Henua EnanaTerre des hommes” c’est ainsi que les marquisiens désignent leur archipel.

L’archipel des MARQUISES est l’un des cinq archipel qui forment la Polynésie Française avec l’archipel de la Société (Tahiti), ceux des Tuamotu, des Gambier et des Australes. Au cœur du Pacifique, il est à peu près à égale distance de l’Australie et des deux Amériques. Les MARQUISES sont formées de deux groupes d’îles : les îles du Nord (Nuku-Hiva, Ua-Huka et Ua Pou) et les îles du Sud (Hiva-Oa, Tahuata et Fatu Hiva). Et six îlots de moindre importance et inhabités. Tous ont pour dénominateur commun l’isolement géographique.

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Blocs de lave surgis au milieu du Pacifique, ces îles hautes semblent défier en permanence l’immensité océanique. Leur relief abrupt, résultat de l’érosion marine et éolienne, crée de somptueux paysages faits de crêtes et de pics surplombant des ravins et des vallées nombreuses et profondes.

Bien que les MARQUISES soient restées inconnues du reste du monde durant plusieurs siècles, de toute la Polynésie, ce sont ces îles qui furent découvertes les premières. En effet, les MARQUISES sont le premier lieu d’installation des Polynésiens lors des grandes migrations océaniques dans le Pacifique Sud.

L’isolement des MARQUISES fût rompu en juillet 1595 lorsque le navigateur espagnol Alvaro de Mendana y Neira arrive en vue de Fatu Hiva par le plus pur des hasards.

Terres de légende, elles abondent en vestiges archéologiques, véritables musées à ciel ouvert. L’expérience des MARQUISES ne se vit pas à travers les plages bordées de cocotiers, mais plutôt de par l’accueil de sa population, la sensation du “bout du monde” qu’elles procurent, l’osmose avec la nature ainsi que leur patrimoine culturel.

 

HIVA OA

Notre première escale aux MARQUISES fût à l’île d’HIVA OA (île la plus vaste et la plus peuplée du groupe Sud) afin d’y faire nos formalités d’entrée en territoire polynésien. Pour nous, cette escale a une saveur très particulière dû à la navigation qui l’a précédée. Une grande joie nous habite!

100_0453Outre les sommets des montagnes d’HIVA OA qui se dessinent devant nous après 19 jours de mer à perte de vue, nous sommes subjugués par l’odeur qui s’en dégage. Une odeur de forêt fruitée nous chatouille les narines; ça sent bon!

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Nous ne tardons pas à aller “bouger les pieds”! Tous sautillent dans la rue! Nous nous rendons au village d’Atuona situé à 2 km de notre ancrage. Nous sommes éblouis de voir autant d’arbres fruitiers et de fleurs le long de la route. Il y a de quoi sentir bon!

D’ailleurs, HIVA OA, bien arrosée et fertile, est prospère. Elle possède d’importantes forêts et de riches vallées cultivées ce qui lui donne un aspect luxuriant.

Le grand village d’Atuona a des allures de petites villes. On y trouve à peu près tous les services. Nous trouvons ces gens très bien organisés malgré leur isolement géographique. Avec toute cette végétation, nous y trouvons naturellement une belle variété de fruits et légumes, tous cultivés sur l’île; les mangues sont tendres, les bananes sont sucrées, les concombres sont croustillants; tout est bon! Aussi, l’un de nos petits plaisirs est de découvrir les saveurs locales; ici, cela se traduit par le “fruit de l’arbre à pain”, gros melon vert qui a un peu le goût de la patate douce et fait partie des assiettes quotidiennes des marquisiens. Aussi, nous mangeons en abondance les pamplemousses marquisiens, qui sont plutôt sucrés et que nous connaissions sous le nom de  “pomelo”. Une boulangerie dessert tous les petits marchés, et, comme nous sommes en territoire français, nous y retrouvons toutes les petites fantaisies liées à leur fine cuisine telles que petits pains au chocolat et délicieux chaussons aux pommes! Un vrrrrai régal!

Aussi, outre le marquisien et le tahitien, les gens parlent français.

 

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HIVA OA demeure l’île du groupe Sud la plus connue, grâce à Paul Gauguin et Jacques Brel qui y demeurèrent quelques années avant leur mort. Le premier de 1901 jusqu’en 1903, le second de 1975 à 1978. Ils y reposent à quelques mètres l’un de l’autre dans le petit cimetière qui surplombe Atuona.

Guillaume mentionne souvent qu’il comprend pourquoi ces deux artistes ont choisi HIVA OA pour s’y établir, tellement il trouve l’endroit magnifique! Nous sentons les enfants très émerveillés; nous percevons une grande joie en eux et une belle fierté malgré leur jeune âge.

Ce qui nous marque énormément, dès notre arrivée à HIVA OA, c’est l’accueil de ses habitants. Tous nous saluent et nous sourient; nous nous sentons les bienvenus chez eux! Ils sont d’une générosité sans pareil; Ghislain rencontre un homme à la banque et lui parle de notre voyage pendant une quinzaine de minutes. L’homme lui dit qu’il viendra nous saluer au quai en fin d’après-midi. 16h30, il est là avec des tonnes de fruits cueillis dans son jardin; ils sont prêts à offrir le peu qu’ils ont! Cet accueil et cette générosité nous touchent profondément et nous laisse sans mots…  et fait de notre séjour à HIVA OA, un moment extraordinaire!

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Il y a beaucoup de sites archéologiques à HIVA OA. Le plus visité est le site de Puamau, où se trouvent les plus grands tikis de Polynésie, dont celui de Takai’i qui mesure 2,43 m, et celui nommé Maki’i Taua Pepe, dont la symbolique demeure mystérieuse dû à sa position couchée.

 

Tiki couronné Moe One                                                 Tiki Takai’i

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Tiki Maki’i Taua Pepe

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L’effigie la plus connue de l’art marquisien et son principal thème, que l’on retrouve sous forme de statues de toutes tailles et de motifs décoratifs est le tiki. C’est une représentation humaine caractérisée par une tête volumineuse, de grands yeux qui occupent la moitié du visage et la bouche largement tracée. Le corps est court, massif, avec des jambes fléchies, des bras repliés dont les mains s’appuient sur le ventre. Certaines statues de tiki étaient investies d’une puissance surnaturelle qui était supposée leur donner vie et leur permettre d’exercer un pouvoir punitif sur quiconque enfreignait les tabous relatifs aux lieux qu’ils protégeaient. Ainsi, encore aujourd’hui, les tikis anciens suscitent chez les Polynésiens une crainte superstitieuse qui interdit de s’approprier, de vendre, de donner, de déplacer ou même de toucher ces statues sous peine de voir s’abattre sur eux une pluie de malheurs, voir même une mort mystérieuse à brève échéance.

 

Nous sommes partis une journée à la découverte des nombreux sites archéologiques d’HIVA OA. Ce fût une belle journée d’éveil à la culture marquisienne.

Nous avons parcouru les routes100_0392 tortueuses, sinueuses, rocailleuses, étroites, nous offrant de superbes points de vue autant sur la côte que sur l’intérieur de l’île. Nous avons joué aux “explorateurs” en essayant de trouver les nombreux tikis parfois bien cachés, notamment le tiki couronné (photo plus haut) qui est situé en pleine forêt.

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Aussi, c’est à Taaoa, à proximité d’Atuona, que se trouve le plus grand ensemble de pae pae (vestiges caractéristiques de l’ancienne société marquisienne) de Polynésie. Le tohua (vaste ensemble de plates-formes) a été parfaitement restauré. On peut y déceler les emplacements où siégeaient les chefs, les prêtres, ainsi que la “prison”, étroite fosse où étaient détenus les prisonniers en instance de sacrifice.

 

FATU  HIVA

FATU HIVA est l’île la plus au sud des MARQUISES. Elle compte un peu plus de 600 habitants et n’est accessible que par bateau. Cette île reste donc très sauvage et bien préservée; elle est d’une beauté exceptionnelle!

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BAIE DES VIERGES

Voici la splendide Baie des Vierges dont de gigantesques rochers aux formes humaines bordent l’entrée, alors que les parois du volcan qui entourent la baie s’élèvent à plus de 600 mètres et forment un cadre verdoyant unique au monde.

La Baie des Vierges figure dans les 10 plus beaux mouillages au monde et est une escale incontournable des “tours du mondiste”. C’est en effet très très beau!

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Bien niché au fond de la baie, le petit village d’Hanavave, l’un des deux villages présents sur l’île.

Ce n’est qu’une fois sur le quai que nous pouvons apercevoir les maisons et tous ces gens qui s’animent à l’extérieur, car depuis la baie, nous ne discernons que l’église. Aussitôt débarqués, tous nous saluent.

Bien qu’isolés du reste du monde, nous remarquons rapidement que ces gens ont le sens des affaires bien aiguisés… En effet, quelques uns essaient de nous échanger un peu tout ce que nous possédons (cordage, ancre, chaîne, outils, articles de pêche, ordinateur…).

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Et lorsque nous arrivons avec notre ballon, des dizaines d’enfants nous accueillent. Tous adorent jouer au ballon. D’ailleurs, les grands jouent au volley-ball pendant que les plus jeunes jouent au football (soccer). Cette semaine passée ici sera l’occasion pour nos garçons de créer des liens et d’avoir une petite vie sociale. Ils se disent aurevoir et à demain chaque jour!

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Dimanche, nous assistons à la cérémonie religieuse qui nous permet d’être témoins de chants et de musiques traditionnelles hauts en couleurs. Le tout accompagné de guitares, banjo et mandoline; tous chantent, à l’exception des quatre Canadiens… Même si nous n’avons saisi aucun mot (cérémonie uniquement en marquisien), nous avons bien aimé notre expérience!

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J’adore ces randonnées en montagne qui nous offrent de superbes points de vue sur notre horizon.

 

 

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Elles nous donnent une tout autre perspective sur le paysage qui nous entoure.

 

 

 

Sur FATU HIVA, une seule route est présente, soit celle reliant les villages d’Hanavave et d’Omoa. 11 milles de route tortueuse sont nécessaires, alors que par la mer, les habitants n’y mettent que 10 minutes pour parcourir les 3 milles ralliant ces deux baies. Cette route n’est plus très utilisée si ce n’est que par les touristes en quête de beaux paysages et de sueurs! Un résidant nous a déposés en cours de route et nous sommes redescendus à la marche. Ce fût un bon compromis nous permettant à la fois de voir de superbes paysages tout en bougeant juste assez les pieds!  (Photo en ouverture prise aussi lors de cette randonnée.)

L’ART MARQUISIEN

Outre les tikis, l’art marquisien se traduit autant dans leur façon d’être que dans l’univers qui les entoure. Que ce soit par une multitude de sculptures sur bois, sur pierre et sur os, les tapas (peinture sur tissus fait des fibres d’une écorce), les parures corporelles de toutes sortes (ornements d’oreilles, pendentifs, coiffures), le tatouage ainsi qu’à travers la musique et la danse qui ont toujours tenu une grande place dans la vie marquisienne, partout et en tout, l’art marquisien se fait omniprésent.

Les MARQUISES ont développé un art très élaboré ayant poussé celui-ci jusqu’à un raffinement et une originalité peu commune. Il fut longtemps délaissé et oublié. Bien qu’il n’ait plus la signification sacrée d’autrefois, aujourd’hui, depuis peu, l’art marquisien prend un nouveau départ; les marquisiens tentent par tous les moyens de préserver leur culture à travers les arts et leur langue.

Ce matin, notre école prend les couleurs de cet art. Nous avons le bonheur d’être plongés dans cette culture unique et particulière, en assistant au concours de danses marquisiennes organisé à Omoa dans lequel participent des enfants de FATU HIVA (Omoa et Hanavave) d’HIVA OA et de TAHUATA.

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La majorité des costumes sont faits de tapas.

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Nous avons ri, avons été émerveillés et touchés par ce spectacle qui s’offrait à nous; nous n’avions qu’à s’ouvrir et accueillir ces doux instants.

Guillaume et Olivier sont bien épatés de voir que ces jeunes ont leur âge. “Regarde maman, même les garçons dansent bien!” Aussi, nos enfants ont côtoyé plusieurs de ces jeunes lors de notre passage à Hanavave.

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Quelle belle expérience! Autant les costumes colorés aux mille et un détails, les chants, les musiques, le sourire des enfants ont contribué à nous faire vivre des moments bien touchants. Une fois de plus, nous nous sentons bien privilégiés d’être au bon endroit au bon moment!

Cet avant-midi haut en couleurs à Omoa est notre cerise sur le sundae avant notre départ vers les îles du  Nord des MARQUISES.

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